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08/12/2009

Mouillages et amarrages

Parmi les "accessoires" indispensables, on peut citer les aussières, gros cordages servant à amarrer les bateaux, ainsi que les mouillages.

Les aussières permettent d'amarrer le bateau à un corps mort : cet objet très lourd placé au fond de l'eau porte une chaîne munie d'un cordage et d'une bouée qui permettent de la prendre depuis le bateau : dans ce cas on remonte le cordage à bord, et on amarre la chaîne au bateau. Un bateau peut être amarré à un seul corps-mort, à l'avant ; dans ce cas il évite, c''est-à-dire tourne en fonction du vent et des courants : il peut donc effectuer un tour complet.


Ces 3 images du Morgatois, prises le même jour en quelques heures d'intervalle, montrent que le bateau, amarré au coffre, tourne autour de celui-ci en fonction des courants de marée et des vents.
Même si tous les bateaux d'une même zone de mouillage tournent à peu près en même temps, ce système nécessite un espacement assez grand entre les bateaux et prend donc beaucoup de place. Dans les estuaires et les rivières, un bateau peut prendre 2 corps-morts, à l'avant et à l'arrière : le bateau est alors immobilisé dans le sens du courant, qu'il reçoit alternativement de l'avant ou de l'arrière.Cette vue aérienne du port du Bélon en Bretagne sud montre des lignes de mouillage longitudinale : les bateaux sont amarrés sur de fortes bouées qui restent à l'eau : à l'avant par une aussière, à l'arrière par 2 aussières disposées en patte d'oie. Les avants des bateaux sont tournés aussi bien vers l'amont ( à gauche de la photo) que vers l'aval, dans ce mouillage très abrité où les courants sont alternativement dans un sens et dans l'autre.

Ce yacht est amarré sur 2 bouées, à l'avant et à l'arrière, au sein d'une ligne de mouillage longitudinale comparable à la précédente, au Port-Rhu à Douarnenez.

Dans certains ports étroits, avec peu de courants mais une influence du vent et du ressac non négligeables, les corps-morts peuvent être remplacés par de grosses chaînes traversières, sur lesquelles sont frappées les chaînes individuelles de chaque bateau.

Cette vue aérienne du petit port de Doëlan, en Bretagne sud, montre des bateaux disposés selon des lignes transversales ; entre les lignes, on distingue au fond de l'eau les chaînes traversières.

Il existe aussi des coffres, gros flotteurs (on parle aussi de tonnes) mouillés en pleine mer dans des endroits abrités, auxquels on amarre directement les aussières. On en a vu un exemple avec les images du Morgatois, sur son mouillage à Douarnenez. Ce sont souvent des mouillages d'attente (qui permettent aux bateaux d'attendre qu'il y ait assez d'eau dans un port pour y entrer). Il peut aussi y avoir de coffres dans les bassins des grands ports, permettant d'amarrer l'arrière ou l'avant d'un navire, tandis que l'autre extrémité est amarrée à quai.

Ci-dessus, l'étrave du Sedov est amarrée à un coffre dans le port de Brest, tandis que l'arrière est à quai (photo ci-dessous ; remarquer l'aussière tribord, passée autour d'un bollard et très tendue (c'est la marée haute), et la passerelle d'accès. Sous celle-ci, un filet a été tendu pour récupérer des objets qui seraient éventuellement tombés).


Dans un port, les aussières permettent d'amarrer un bateau à un quai ou à un ponton.
Les navires trouvent rarement des pontons à leur taille et s'amarrent à quai ; par exemple, lors des Armadas de Rouen, tous les navires sont amarrés le long des quais, un par un.

Ci-dessus, lors de l'Armada 2008, une vue de la rive droite de l Seine: tous les navires sont amarrés tribord à quai.

Lorsque les quais ne sont pas assez longs, les navires s'amarrent à couple.


C'est le cas ici, lors du passage de la course des grands voiliers à Cherbourg, en 2005.

L'amarrage à un quai nécessite, surtout s'il y a du vent ou du courant, plusieurs aussières.

Ci-dessus, le trois-mâts carré DuchesseAnne est amarré définitivement, tribord à quai, à son poste dans un bassin de Dunkerque. Ce navire-musée ne navigue pas et n'a pas d'équipage permanent : aussi les 2 ancres ont-elles été mouillées. On remarque en plus 2 amarres de pointes à l'avant puis 2 traversières. Elles sont peu tendues car le vent vient de l'arrière du travers et pousse le bateau vers le quai. L'arrière du navire est aussi solidement amarré.

L'amarrage peut comporter des pointes, les traversières et les gardes. L'amarre de pointe avant, par exemple, part de l'étrave et est portée en avant du bateau ; la garde avant part de l'avant du bateau vers l'arrière. Les manœuvres d'accostage et d'appareillage utilisent, outre le ou les moteurs, les amarres pour s'approcher ou pour se dégager du quai.

Ci-dessus, lors de l'escale de la tall ship's race à Cherbourg, les trois-mâts Sagres et Mircea sont amarrés à couple, tribord à quai ; on voit leurs aussières de pointe avant, frappées sur le même bollard (on parle plutôt de bollard sur le quai, et de bitte sur le bateau).

Lors du même rassemblement, on voit le trois mâts Jeanie Johnston, amarré à un ponton. Les aussières vertes sont faciles à reconnaître ; on voit les aussières de pointe et, le long du bateau, la garde descendante et la garde montante. La photo montre, en outre, les tuyaux de ravitaillement en eau, à ne pas confondre avec des aussières.

Sur cette vue de l'arrière du même grand voilier, on voit les aussières de pointe arrière et une garde montante (de l'arrière du bateau vers l'avant).

Dans le port calme de Lelystad, aux Pays-Bas, les aussières qui amarrent le klipper Allure sont des traversières . On voit bien celles de l'arrière, frappées sur 2 bittes à bord du bateau et sur un bollard du quai.

Si le port est soumis à la marée, le bateau monte et descend le long du quai : on doit faire attention à la longueur des aussières, sous peine de voir les aussières casser si on n'a pas laissé assez de mou ; ou bien le bateau peut rester suspendu.
Ci-dessus : ce n'est qu'une annexe, heureusement ; mais son utilisateur l'a amarrée un peu court...
Parfois aussi, on amarre une des extrémités du bateau au quai, l'autre à un corps mort ou à une ancre. C'est une disposition fréquente en Méditerranée (avec, en général, l'arrière à quai).

Ci-dessus, le port de Saint-Tropez pendant la semaine des Voiles : les yachts sont amarrés perpendiculairement au quai, l'étrave tournée vers la sortie et l'arrière contre le quai.

Enfin, l'amarrage à un ponton est moins compliqué, puisqu'il flotte et bouge avec le bateau ; il faut tenir compte de la disposition et de la longueur du ponton, souvent trop court pour pouvoir amarrer les pointes avant et arrière.

Cette vue aérienne montre la disposition de 2 types de pontons, appelés aussi pannes.. Le plus proches est équipé de catways, ces petits pontons perpendiculaires au ponton principal,bien visibles car tout un côté de celui-ci est inoccupé. Les bateaux s'amarrent entre les catways, l'étrave contre le ponton principal.

cette panne du port de La Trinité sur Mer accuielle des monocoques de régate pendant le spi Ouest-France, tandis que des bateaux plus encombrants, comme ce catamaran, accostent au ponton extérieur.

Ce folkboat, est amarré à un ponton par 2 amarres de pointe (rouges) et une garde descendante bâbord (blanche) amarrée à l'extrémité du catway visible sur la droite de la photo (petit ponton perpendiculaire au ponton principal. Il existe habituellement 2 places entre 2 catways.

Les aussières des grands navires, dans lesquels les rats peuvent se cacher et proliférer, sont barrées par des disques empêchant les rongeurs d'accéder au bateau.

Ci-dessus, un de ces disques interrompt l'éventuelle progression des rats vers l' AmerigoVespucci.

Le mouillage sur ancre se fait en pleine mer, si la profondeur et la nature du fond le permettent. Il est interdit dans de nombreux ports, l'ancre risquant d'accrocher diverses autres amarres. Il est également limité dans certaines zones (parcs naturels, réserves biologiques) où il risque d'endommager des écosystèmes fragiles (les posidonies en Méditerranée, par exemple)

Ci-dessus, les ketchs Étoile Polaire (au premier plan) et Provident ont mouillé sur ancre devant Paimpol pour attendre que la marée montante donne une hauteur d'eau suffisante dans le chenal d'accès. Une boule noire envoyée entre le mât et l'étai signale aux nombreux bateaux naviguant dans le secteur que le bateau est au mouillage et qu'on doit s'en écarter. On peut voir aussi qu'Étoile Polaire a toujours son bout-dehors (court et peu encombrant) à poste ; sur Provident au contraire , c'est un espar très long et il a été rentré pour faciliter les manœuvres dans le port, celui-ci étant très encombré.

Cette photo, prise le même jour que la précédente, montre Provident vu de devant ; le bateau s'est mis bout au vent et tire sur sa chaîne d'ancre. Remarquez la "boule" de mouillage, devant le mât ; elle est faite en réalité de 2 disques perpendiculaires ; ces 2 disques peuvent être rangés l'un contre l'autre, ce qui diminue beaucoup l'encombrement de cet accessoire obligatoire.

L'ancre peut être de divers types, les 2 plus courants sur les grands navires étant l'ancre à jas et l'ancre à bascule (par exemple les ancres Hall ou Marrel).

Le Sørlandet, comme plusieurs grands voiliers, est équipé d'ancres à jas.

L'ancre à jas comprend un ensemble formé d'une verge et de 2 bras, soudés au niveau du diamant. Ceux-ci se terminent par des pointes élargies, les pattes ; l'une d'entre elles devant s'enfoncer dans le sable ou la vase, ou s'accrocher à un rocher. Le jas, qui passe dans un trou de la verge, est mobile ; perpendiculaire aux bras, il se place horizontalement sur le fond, ce qui oblige les bras à être verticaux. Une de ses extrémités est recourbée, ce qui permet de replier éventuellement le jas contre la verge pour que l'ancre prenne moins de place à bord. La chaîne s'amarre, par un organeau, à l'extrémité de la verge opposée au diamant. Ce type d' ancre présente un risque dans les zones peu profondes, et encore plus dans les zones d'échouage, à cause de la patte dirigée vers le haut et sur laquelle d'autres bateaux peuvent s'abîmer. La chaîne risque aussi de passer autour d'une patte (surpattage) ou du jas (surjalage) rendant le mouillage inefficace.Les différentes parties d'une ancre à jas sont montrées sur cette ancre d'Amerigo Vespucci.

Ci-dessus, on voit que l'ancre à jas tribord de la goélette Cala Millor peut être mouillée instantanément ; elle est juste calée contre la sous-barbe du beaupré.

Les ancres à jas anciennes ont un jas en bois, fixe par rapport à la verge.


Ci-dessus, on voit que l'Endeavour porte plusieurs ancres de ce type ; l'une d'entre elles est prête à être mouillée, les deux autres étant saisies sur le pavois.
Contrairement aux ancres plus récentes, cette ancre de l'Endeavour possède un jas plus imposant que les bras.
Les ancres plates ou à bascule n'ont pas de jas ; les 2 pattes s'enfoncent en même temps dans le fond.

Ci-dessus, l'étrave de Stad Amsterdam et ses 2 ancres Hall. Remarquez, un peu en arrière de l'ancre, près de la flottaison, un dessin blanc sur le fond rouge : il indique la présence d'une hélice de propulseur d'étrave, servant aux manœuvres de quai : Stad Amsterdam est bien un bateau moderne...

Détail de l'ancre bâbord du Belem, à poste dans son écubier ; elle vient d'être repeinte, lors de l'entretien hivernal ; quand elle est utilisée, une ancre rouille assez vite.

Les bateaux plus petits sont équipés de différents types d'ancres plates, dont le modèle le plus répandu est la Britany.
De nombreux yachts utilisent une ancre à soc de charrue ou CQR.

Une ancre à soc de charrue est visible sur cette image,devant l'étrave de Moonbeam of Fife, sous le bout-dehors.

L'ancre est relié au bateau par une lourde chaîne : c'est la traction horizontale de celle-ci qui oblige l'ancre à s'enfoncer dans le sable ou la vase, ou à s'accrocher à une roche. On compte la longueur d'une chaîne d'ancre en maillons, mesure correspondant à 30 mètres (à ne pas confondre avec le maillon élémentaire, appelé maille, de la chaîne). En règle générale, on mouille une longueur de chaîne égale à 5 fois la profondeur, mais cela dépend de la nature du fond et de l'agitation de l'eau.
Sur les navires, la chaîne traverse la coque par un écubier, dont les parois renforcées résistent aux efforts de traction au mouillage et lors de la remontée de l'ancre.

Sur le chasse-marée Belle Angèle on voit l'écubier métallique (peint en rouge) qui permet le passage de la chaîne à travers le pavois en bois. Après un passage sur le guindeau, la chaîne revient à un écubier de pont (tube métallique coudé, au premier plan) et s'emmagasine dans le puits à chaîne. Celui-ci est un compartiment isolé du reste du bateau par une cloison étanche.

La remontée de l'ancre se fait à la main sur les petits bateaux ; au-dessus d'une certaine taille, elle nécessite l'utilisation d'un un guindeau ; autrefois on utilisait parfois un cabestan.

Ci-dessus, le guindeau du Belem : on voit bien la chaîne, aux mailles renforcés.

Ci-dessus, l'équipage du ketch Cruinneag III s'apprête à remonter l'ancre à l'aide du guindeau.

Les ancres à bascule, lorsqu'elles sont remontées, sont souvent calées dans leur écubier.

Ci-dessus, l'ancre de Stad Amsterdam, bien calée dans son écubier.

Par contre, les ancres à jas doivent être remontées le long du pavois et solidement saisies.


L'ancre à jas de Marité est remontée le long du pavois et solidement saisie.

Ce détail de l'image précédente montre la façon dont l'ancre est remontée le long du bord. L'extrémité de la verge reliée à l'ancre est amarrée au bossoir, pièce de bois de la charpente dépassant à l'extérieur.
Ci-dessus, l'ancre à jas du Stasraad Lehmkuhl est saisie grâce à des chaînes, en arrière du bossoir.

Cette image montre un détail d'un du bossoir bâbord du Bounty. En arrière, on voit la disposition des aussières, chacune étant tournée autour de 2 bittes d'amarrage. D'autres bittes sont visibles entre le beaupré et le mât.

Sur cette vue prise à Brest 2004, l'étrave de Julia of Fäborg (devenue depuis Étoile de France), montre plusieurs détails intéressants : de part et d'autre du beaupré, les bossoirs sont peints en noir ; l'ancre bâbord est bien visible. En arrière, le guindeau en bois et en métal est d'un type particulier.

On saisit de la même façon certaines ancres plates, en l'absence d'écubier.

Ci-dessus, l'ancre de Nébuleuse est saisie contre l'étrave.

Sur les petits bateaux, l'ancre est souvent remontée à bord et rangée dans un coffre.

Les ancres CQR (soc de charrue) prennent place à l'étrave, sur une pièce en métal ou en bois adaptée ; elles sont ainsi bien immobilisées, comme dans un écubier. La photo ci-dessous en donne un exemple.

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