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13/12/2009

Les voiliers de pêche


- Les morutiers étaient aux bateaux de pêche ce que les cap-horniers étaient aux bateaux de commerce.
Les terre-neuviers pêchaient "aux cordes" (palangres : lignes munies de très nombreux hameçons) sur les grands-bancs, entre Terre-Neuve et le Canada. On les appelle parfois terre-neuvas, mais cette appellation concerne plutôt les pêcheurs. venant de France, du Portugal, des pays du nord de l'Europe, du Canada et des États-Unis, il s'agissait de grands bateaux : trois-mâts, voire 4 mâts, ou grandes goélettes. La pêche ne se faisait pas à partir du navire, mais de petits canots appelés doris.

Ci-dessus, une réplique de doris de morutier.

Parmi les navires survivants, on peut citer la goélette portugaise à 4 mâts Creoula,


La goélette à 3 mâts Marité,



     Le trois-mâts goélette Palinuro, voilier-école italien et ancien morutier de Saint-Malo, nommé Commandant Louis Richard.


  La goélette canadienne Blue Nose II est une belle réplique. Les bateaux français avaient surtout Saint-Malo et Fécamp comme port d'attache.

  Plus petits étaient les navires "Islandais" ; la pêche se faisait du bord de ces bateaux. Nombre de ces bateaux étaient allemands, hollandais ou scandinaves. Les bateaux français étaient des goélettes à deux mâts, dont les ports d'attache étaient principalement Paimpol et Dahouët. l'Étoile et la Belle Poule, de la marine nationale française, sont des bateaux-écoles construites sur le modèle de ces goélettes, mais il ne reste aucune goélette islandaise ayant pêché la morue.


     Les baleiniers allaient chasser les cétacés dans les mers arctiques et antarctiques. la chasse se faisait au harpon à main, depuis des chaloupes appelées baleinières. Charles W. Morgan, conservé comme musée aux USA, en est un bon exemple. Artemis, voilier de croisière hollandais, est un ancien baleinier à moteur (qui pêchait au canon lance-harpon), très modifié.

     Les harenguiers de la Mer du Nord étaient pratiquement aussi grands que les Islandais, et souvent construits en acier. Pêchant aux filets dérivants (on les appelait aussi drifters), ils étaient très nombreux aux Pays-Bas, en Allemagne, en Angleterre et dans les pays scandinaves. Ils étaient parfois équipés d'un vivier permettant de conserver les poissons vivants.
Parfois gréés en bricks-goélettes, comme Jantje, ils avaient le plus souvent une voilure de ketch : Tekla, Lotos, Iris, etc.


Iris est un ancien harenguier néerlandais en acier.

Carmelan est un ketch danois qui a longtemps pratiqué la pêche ; il navigue maintenant sous pavillon allemand.

Les chalutiers (trawlers, en anglais) pêchaient au chalut à perche : l'ouverture du filet était maintenue béante dans le sens de la largeur par une longue perche. Cette technique, encore utilisée dans les pays nordiques (notamment en Hollande et Belgique), a été supplantée par le chalut à panneaux, plus pratique mais nécessitant davantage de puissance motrice : cela a été fatal aux chalutiers à voiles. D'ailleurs, la plupart d'entre eux ont été motorisés au cours des années.

Certains chalutiers anglais ont été restaurés sous leur état d'origine, comme à Lowestoft (Excelsior, Keewaydin) sur la côte de la mer du Nord, et à Brixham, dans le Devon (Provident, Vigilance). Ces chalutiers de 20 à 30 m, généralement en bois, étaient gréés en ketchs.

Provident , gréé en ketch, est un des Brixham trawlers les plus connus.

En Bretagne, les thoniers, gréés en dundées, pratiquaient le chalutage côtier en hiver.
D'autres voiliers se consacraient essentiellement au chalutage, comme les bisquines (La Cancalaise et La Granvillaise sont 2 répliques de ces bateaux),
des lougres de Saint-Brieuc (le Grand Léjon en est une réplique) ; ou encore dans le Morbihan (Belle de Vilaine est une réplique de ces petits chalutiers). Les grandes chaloupes sardinières et les forbans du Bono ( dont la réplique s'appelle Notre-Dame de Bequerel) chalutaient aussi en hiver, quand le temps était maniable.

Les thoniers pratiquaient la pêche à la traîne (lignes portées par de grands tangons) dans le Golfe de Gascogne ou plus loin, entre les Açores et l'Irlande. Cette pêche se pratiquait surtout au départ de la France (Pays Basque, Vendée, Bretagne) et d'Espagne. Les bateaux étaient d'abord de fortes chaloupes, puis des dundées de 14 à 22 m. Ces dundées avaient,dans les années 1930, une voûte arrière très longue (les taxes étaient payées sur la longueur de la quille et non sur la longueur au pont). C'est le cas de Biche, le dernier thonier de Groix,  qu'il a fallu reconstruire, tant il était  en piteux état (Aujourd'hui remis à neuf, il a rejoint la flotte des voiliers traditionnels bretons).

La coque de Biche, dundée thonier de Groix, en 2008. Elle a été sauvée in-extremis.

Cette voûte arrière s'est avérée  dangereuse par grosse mer de l'arrière. A partir de 1940, elle a été remplacée par un arrière rond (comme sur Vieux Copain), une voûte moins inclinée (comme sur Nébuleuse ou Le Morgatois) ou un arrière canoë comme sur Étoile Molène. Ces formes arrière ont été ensuite adoptées par les bateaux de pêche à moteur, ou remplacées par des arrières à tableau. Rappelons ce qui a été signalé ci-dessus : Ces bateaux étaient en fait, des thoniers-chalutiers, qui pratiquaient la pêche au chalut pendant l'hiver. Certains pratiquaient aussi la pêche à la drague.
Le thonier de Camaret Nébuleuse a reçu un plan de voilure fortement augmenté lors de sa restauration.

Le Vieux Copain, dundée thonier vendéen de 1942.


L'Étoile Molène est un ancien chalutier en bois converti en dundée. contrairement à la plupart des dundées ce voilier peut, comme un ketch, porter un flèche au-dessus du tapecul.

Les sardiniers et les maquereautiers étaient des bateaux plus petits, plus ou moins maniables à l'aviron : chaloupes gréées au tiers (ex : Telenn mor, ND de Bequerel, sinagos comme Crialeis), misainiers à tape-cul (par ex. Rigolo), puis cotres (Marche avec, La Belle Iloise en sont des répliques), en Bretagne ; Cornish Luggers en Cornouailles Britannique(Our Daddy, Guide me, Gladys, etc).
Le Rigolo, une réplique de misainier de Doélan, en Bretagne Sud ; il pratiquait des pêches diverses, mais surtout celle au maquereau.


Crialeis, un sinago basé à l'Île aux Moines, dans le Golfe du Morbihan.



Gladys, un lougre de Looe, en Cornouailles britannique. (cornish lugger)

La pêche se faisait soit à la ligne (maquereau), soit avec des filets droits dérivants ; au début, ils étaient mouillés et relevés directement depuis la chaloupe. Puis, avec les grandes chaloupes et les cotres, la manœuvre du filet se faisait depuis une annexe : le rôle du bateau devenait alors un rôle de transport des hommes, du matériel et du poisson pêché. Les poissons étaient attirés par la rogue, mélange d'œufs de morue salés et de farine que le bouetteur jetait à l'eau.
On peut aussi citer les grandes chaloupes basques, qui pratiquaient toutes les pêches, de la pêche à la sardine jusqu'à celle à la morue et la chasse à la baleine (parfois jusqu'à Terre-Neuve), en passant par la pêche au thon, etc. Brokoa en est une réplique très réussie.


Les langoustiers pêchaient les langoustes avec des casiers, parfois avec des filets. D'abord côtière et pratiquée par des cotres (dont Cap Sizun est une réplique) sur les côtes de Bretagne et des îles britanniques, la pêche est devenue hauturière : elle a conduit les pêcheurs jusqu'au Portugal, puis en Mauritanie ; d'où des bateaux plus grands, gréés en dundées, comme la Belle Étoile, dont la réplique navigue au départ de Camaret.
 

Le cotre Cap Sizun est la réplique d'un langoustier d'Audierne.
 

Le dundée Belle Étoile est la réplique d'un langoustier hauturier de Camaret.
 
A noter que des navires de transport allaient chercher les langoustes en excédent. Un exemple de ces chasse-marées au long-cours est la goélette Carrie of Camaret. Tous ces bateaux étaient équipés d'un vivier permettant de ramener les langoustes vivantes.

Les caseyeurs, plus petits et à plus faible rayon d'action que les langoustiers, pêchaient à l'occasion des langoustes, amis surtout des crabes, des homards et des crevettes. Il s'agissait surtout de cotres, comme les homardiers de Loguivy (dont Enez Koalen est une réplique), ou de misainiers.

Enez Koalen, réplique de bocq homardier de Loguivy de la Mer.

Ces bateaux pratiquaient aussi la pêche au filet trémail, à la palangre, à la ligne de fond, ou à la ligne traînante pour les maquereaux.

Cette petite pêche côtière, polyvalente, aux crustacés et aux poissons, se pratiquait un peu partout sur les côtes françaises : dans le Pas de Calais, en Normandie, et surtout en Bretagne. Sur les rivages méditerranéens, elle était pratiquée avec des canots équipés d'une voile latine, dont les noms sont très changeants selon l'endroit et selon des détails de construction ; par exemple : barque catalane, barquette, mourre de poar, pointu marseillais... Cette pêche a survécu dans de nombreux petits ports, où les pêcheurs vendent encore directement leurs produits tout frais aux habitués ; mais les bateaux sont maintenant motorisés...

Les coquilliers ramassaient huîtres, coquilles Saint-Jacques, praires, palourdes, bulots et autres mollusques, à l'aide de leur drague.On peut citer les cotres coquilliers de la rade de Brest (Bergère de Domrémy, Général Leclerc),

Les smacks de l'Essex en Angleterre,
Les sinagos du golfe du Morbihan...

cette pêche étant très réglementée, les coquilliers complétaient leurs revenus avec d'autres types de pêche (voir ci-dessus).

Les bisquines (voir ci-dessus) de la Baie du Mont-Saint-Michel draguaient aussi les huîtres, à l'occasion d'une "caravane " qui avait lieu une fois par an ; c'était l'occasion d'un spectacle extraordinaire, des dizaines de bisquines cancalaises et granvillaises travaillant ensemble.
Ci-dessus, les 2 bisquines : la blanche Granvillaise et la noire Cancalaise.

Les goémonniers coupaient et ramassaient les grandes laminaires. Nombreux entre Brest et Paimpol, il s'agissait généralement de cotres, qui pratiquaient aussi la pêche à la coquille à certaines saisons.

Nous avons vu les principaux métiers de la pêche à la voile en Europe, et notamment en France. Il existe d'autres côtes où la pêche se pratiquait à la voile ; par exemple au Brésil sur les célèbres jangadas, ou aux Antilles avec les gommiers.

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